Elkord, des racines et des ailes olympiques…
Enfant de Levallois et du LSC, l’épéiste Houssam Elkord, 27 ans, est en passe de disputer les JO de Tokyo. Champion d’Afrique à trois reprises, le tireur levalloisien s’était hissé en quart de finale de la coupe du monde de Berne avant l’interruption des épreuves fin 2019. En attendant l’ultime compétition sélective de mars, Houssam s’est livré à cœur ouvert pour Info Levallois.
Houssam, France ou Maroc ?
On ne choisit pas entre sa mère et son père. J’ai décidé de tirer pour le Maroc par souci de développement personnel. Quand j’intègre l’INSEP en 2013, il y a 7 Français dans le Top 16 mondial. J’aurais eu du mal à me faire une place dans cette génération dorée. À l’époque, j’en avais discuté avec le Maître d’armes Hugues Obry, qui me faisait part de la forte insistance du Maroc pour me recruter. Il m’a conseillé de tenter l’aventure.
Des regrets ?
Aucun ! J’ai été bloqué pendant 3 ans par la Fédération internationale, qui m’interdisait de disputer des coupes du monde avec le Maroc, car j’avais déjà tiré chez les Bleus. Mais, aujourd’hui, je suis n°19 mondial, triple champion d’Afrique, et pratiquement qualifié pour les JO.
Les JO, tu y penses en te rasant ?
Non, juste quand je m’entraîne ! Je ne veux pas en faire une obsession car ça pompe beaucoup d’énergie et plus encore dans ce contexte sanitaire. J’ai la chance d’avoir un travail, je suis podologue, alors, en journée je pense plutôt à mes patients.
Pourcentage de chances d’aller à Tokyo ?
Objectivement, on pourrait dire 99%, mais mathématiquement rien n’est encore fait ! À la place de mon concurrent direct égyptien, je me dirais que ce 1% me laisse encore une chance et j’aurais raison de le penser. Réponse après la dernière coupe du monde fin mars.
Comme Pierre de Coubertin, penses-tu qu’aux JO, “l’important c’est de participer” ?
Non ! Si tu as l’esprit de compétition, tu ne peux pas te dire ça ! Sans même parler de médaille, juste en termes de performance !
Première fois avec une épée ?
À 5 ans ! Ma soeur Camélia faisait aussi de l’escrime. Avec mes parents, nous l’avions accompagnée lors d’une compétition. J’en ai profité pour croiser le fer tout seul (rires). La même année, je m’inscrivais au LSC Escrime. J’ai aussi fait de l’épée à La Ruche, ainsi que de la lutte et de l’athlétisme. J’ai longtemps préféré le football. J’avais même fait un essai infructueux pour entrer au centre de formation du FC Sochaux.
Le plus facile à l’épée ?
De toucher !
Le plus difficile ?
De ne pas se faire toucher (rires).
Ta plus grande qualité ?
La générosité. Je donne beaucoup sans attendre en retour.
Ton plus grand défaut ?
Trop insouciant !
Ton meilleur et pire souvenir de compétiteur ?
Le meilleur, mon 1er titre national par équipe avec le LSC en Junior, en 2011, avec mes potes Michaël Adonaï, Yanaël Defrance et Marc Chrétien. Le pire, au championnat d’Europe cadet, en individuel, je me blesse au poignet et me fais “exploser” par un pote de sélection au 1er tour !
Le LSC en 3 mots ?
Famille, grand club et amis !
Ton maître d’armes ?
Vincent Appolaire. On se connaît depuis 20 ans. Je peux lui parler de tout ! C’est un grand formateur qui a déjà fait émerger des jeunes Levalloisiens au plus haut niveau. Sans négliger les autres, c’est le maître d’armes qui m’a façonné, préparé au haut niveau et transmis ce côté perfectionniste.
Le jour que tu n’oublieras jamais ?
Le jour de mon 2e titre aux Championnats d’Afrique, en 2019. En plus, c’était à Rabat. Toute ma famille était là et pleurait. C’était très émouvant ! J’ai la chance d’avoir des parents qui me soutiennent dans tout ce que je fais, à l’instar de ma compagne Manon.
Ta plus belle rencontre ?
Mes 6 amis, ils se reconnaîtront ! Au collège Danton, on formait le GI3D, groupe d’intervention de la 3e D (rires). Nous sommes restés très proches et nous partons en vacances ensemble presque tous les ans.

La dernière épreuve sélective devrait officialiser, fin mars, la qualification d’Houssam Elkord (à gauche) aux JO de Tokyo. Crédit : © Bizzi Team
Ton rêve ultime ?
Un titre de champion olympique à Tokyo, Paris ou Los Angeles.